Sur la route, à la plage… ne vous passez pas de polar cet été avec la sélection Quais du Polar ! Quelques conseils de lectures plus ou moins graves pour (re) plonger dans l’univers des invités du festival, et dans les nouveautés du genre :

Balancé dans les cordes, Jérémie Guez (La Tengo, 2012)

Plongée dans la descente aux enfers d’un jeune boxeur sans histoire pris dans les trafics de sa cité. Avec Balancé dans les cordes, Jérémie Guez signe le deuxième volet d’une très sombre trilogie, après Paris la nuit. Il a remporté le Prix du polar SNCF 2013.

Road Tripes, Sébastien Gendron (Albin Michel, 2013)

Quand deux losers se rencontrent de façon tout à fait inopportune dans une boîte de distribution de tracts publicitaires, s’ensuit un périple déjanté de la forêt des Landes à la vallée du Rhône… 3500 km (!!) au cours desquels les voitures disparaissent, les dégâts s’accumulent et le sang jaillit au détour d’un virage ou de la sortie d’un village. On aime ce roman doux-amer pour la truculence de ses dialogues, ses références cinématographiques et musicales, et bien sûr l’humour et l’imagination débordante de l’auteur de Quelque chose pour le week-end et Le Tri sélectif des ordures.

Une Belle saloperie, Robert Littell (Baker Street, 2013)

Nouveau roman du spécialiste du roman d’espionnage ! Lemuel Gunn, ancien agent de la CIA reconverti détective privé, vit au Nouveau-Mexique dans une caravane qui fut celle de Douglas Fairbanks Sr. Son quotidien fantasque est troublé par une femme fatale d’origine corse prête à tout pour retrouver un certain Emilio Cava, en liberté sous caution. Ses recherches vont le mener au coeur du FBI et de la mafia du Névada. Hommage plein d’humour au roman noir classique de Chandler et au héros de son héros, Douglas Fairbanks himself.

Les Apparences, Gillian Flynn (Sonatine, 2012)

Avec ce troisième thriller, Gillian Flynn dissèque sans concessions la vie d’un couple et ses faux-semblants, dans un récit âpre aux multiples retournements affolants. Adoubée par Stephen King, Gillian Flynn a remporté le grand Prix des Lectrices du magazine Elle dans la catégorie Polar pour ce roman, dont le scénario intéresse également fortement le cinéma.

Le Dernier Lapon, Olivier Truc (Métailié, 2012)

Dans ce premier roman, le journaliste Olivier Truc nous entraîne dans une région qu’il connaît bien, la Laponie. L’apparente tranquillité des habitants du petit village de Kautokeino est troublée par des assassinats et le vol d’un curieux tambour chaman, offert par un ancien compagnon de Paul-Emile Victor. Que s’est il passé en 1939, lors de cette expédition ? Les enquêteurs se retrouvent confrontés à un passé méconnu, et à des traditions locales encore bien ancrées. Le Dernier Lapon a remporté le 9ème Prix des Lecteurs Quais du Polar-20 min.

7 Jours, Deon Meyer (Le Seuil, 2013)

Neuvième roman de l’auteur sud-africain, où l’on retrouve le flic Benny Griessel qui, après treize ans d’alcoolisme, en est à son 227ème jour de sevrage. Il se retrouve vite confronté à deux enquêtes qui s’entremêlent, dans les milieux politiques et de la finance. 7 jours suivront à tombeaux ouverts dans le Cap post-apartheid !

Dark horse, Craig Johnson (Gallmeister, 2013)

Dans ce cinquième volet de la série des aventures de Walt Longmire, Craig Johnson entraîne son shérif hors de sa juridiction, pour une enquête sous couverture sur un drame qui le laisse sceptique. Une chevauchée palpitante et plein d’humanité à travers les grands espaces du Wyoming, où vit l’auteur.

Le Tueur se meurt, James Sallis (Rivages, 2013)

Le Tueur se meurt est un livre intense, noir, comme le sont tous les romans de James Sallis, l’auteur du Faucheux ou de Drive. Les rêves et souvenirs d’un tueur à gage, d’un policier et d’un enfant hantés par la mort mais que tout sépare, s’y mêlent, dans un Phoenix étouffant… Un roman « en apesanteur » teinté d’une douce mélancolie.

I Cursini, Alix Deniger (Série noire, 2012)

Alix Deniger, qui a travaillé chez les RG sur l’ETA, les réseaux islamistes et en Corse, signe ici un très bon portrait-fiction du mouvement indépendantiste corse actuel, en croisant les histoires de commandos nationalistes et d’agents qui les traquent. Un très bon roman sur un sujet d’actualité très peu abordé dans le polar.

Vanity game, HJ Hampson (Liana Levi, 2013)

Beaumont Alexander, star arrogante du football anglais, tue accidentellement sa fiancée et va aller d’imprévus en imprévus, en butte avec le monde impitoyable de la presse tabloïd, de la télé-réalité et du bling-bling façon David et Victoria Beckham. Le héros (ou plutôt anti-héros) n’est pas non plus épargné par la plume au vitriol de cette jeune auteur anglaise pourtant supportrice de Liverpool.

Le Cinquième témoin, Michael Connelly (Calmann-Lévy, 2013

Après La Défense Lincoln et Le Verdict du plomb, l’avocat Mickey Haller revient avec sa spécialité provisoire, la défense des particuliers surendettés menacés de saisie immobilière. Le travail se corse lorsqu’une de ses clientes, très active dans la lutte contre les dérives financières, se retrouve accusée du meurtre de son banquier… Un récit de procès vibrant, qui nous éclaire sur le système judiciaire et en dit long sur le drame des subprimes.

Du polar. Entretiens avec Philippe Blanchet. François Guérif (Payot, 2013)

Au cours de ces entretiens, François Guérif revient sur son parcours de lecteur passionné de cinéma et de littérature policière, de libraire spécialisé et d’éditeur, fondateur de Red Label, Fayard noir, Engrenages et bien sûr Rivages noir. Du polar met en évidence le rôle fondamental et unique de l’auteur dans la reconnaissance dont bénéficie aujourd’hui le genre. Un ouvrage de référence à ranger aux côtés des Chroniques de Manchette et du Dictionnaire des littératures policières de Claude Mesplède.

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Le Chinois, Henning Mankell (Seuil, 2012 )

Dans ce premier roman de l’ère post-Wallander, achevée avec L’Homme inquiet, Mankell embarque une juge à travers le monde, en Suède, en Chine… en passant par les États-Unis ou le Mozambique. Une enquête haletante, mais aussi une réflexion plus profonde sur la nouvelle carte géopolitique et une société moderne toujours plus inégalitaire.

Mapuche, Caryl Férey (Série noire, 2012)

L’histoire croisée de deux rescapés, une indienne Mapuche et un détective torturé pendant la Guerre Sale, dans l’Argentine d’aujourd’hui. Comme les précédents Utu, Haka ou Zulu, tous édités à la Série noire, un roman très documenté, très noir, nimbé de poésie. Ce roman a été élu meilleur polar français de l’année 2012 par la rédaction de Lire.

Cyber china, Qiu Xiaolong (Liana Levi, 2012)

Qiu Xiaolong entraîne son fin gourmet policier-poète Chen dans une nouvelle enquête où corruption et « cyber chasse à l’homme » se heurtent aux blogs clandestins qui défient la censure et les dérives du système clanique chinois.

Le Diable, tout le temps, Donald Ray Pollock (Albin Michel, 2012)

Prix du Meilleur livre de l’année 2012 par la rédaction de Lire, ce premier roman envoûtant à l’écriture éblouissante entremêle les destins de plusieurs personnages de 1945 aux années 60, de l’Ohio à la Virginie occidentale. Êtres en perdition, animés par la foi, poussés vers la mort, excessifs, dépravés,désaxés, tourmentés… Déjà dans le recueil de nouvelles Knockemstiff (Buchet-Chastel, 2010), on retrouvait ces paumés de l’Amérique que n’aurait pas renié Flannery O’Connor, et l’Ohio profond, que l’auteur n’a jamais quitté et dont il fait le théâtre de cette épopée obsédante. Magistral.